Celtique (2023)

" J’aime cette étymologie selon laquelle le mot « Keltoï » signifierait « Homme des montagnes » et s’ils dressaient des pierres ailleurs, c’était peut-être, pour se rappeler leurs origines », Kenneth White, Dérives (1978)

 

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Mes racines sont celtiques et armoricaines. L’Écosse fut le premier pays étranger que j’ai découvert en 1986 : les landes et les Highlands, le Loch Ness, une terre brute empreinte de brume et de mystères. En 2016, l’exposition « Celts, art and identity » au British Museum m’a convaincue que cette mosaïque de peuples, injustement sous-estimée aujourd’hui encore, était certainement plus délicate et raffinée, technologiquement plus évoluée, que les Romains et les Grecs ne le signifiaient.

J’ai toujours eu une forte attirance pour les civilisations dites animistes ou « primitives », leur sensibilité effervescente stimulant l’imagination, leur dimension magique, poétique et métaphysique. Tout comme les rites amérindiens et inuits, la mythologie celte incite à la transcendance et la nécessaire gratitude vers la Terre et le vivant. Dans ces trois cultures, l’humour et l’espièglerie sont très présents : le « Cheshire Style » et la végétation pulpeuse chez les Celtes, la mascotte Kokopelli chez les Indiens d’Amérique du Nord, les créatures douces au ricanement amer chez les Inuits. Lors de mes recherches, j’ai noté une certaine forme d’universalité entre les civilisations celtes et amérindiennes (transmission orale, sacrifices humains, rêves prophétiques, chaman druidique, observation attentive des saisons, présence du svastika, symbolique du cerf et du cercle, émancipation des femmes…).


« Le sacré, c’est ce qui saisit l’individu, ce qui, venant d’ailleurs, lui donne le sentiment d’être », déclarait Carl Gustav Jung. Le Sacré est omniprésent dans l’art celte. Son contenu mystique, « la racine des racines »*, nous élève et nous enlève. Je conçois l’Art comme une grande intuition, venant de l’intérieur et visant l’intériorité de chacun, une « vibration de l’âme »*, un art curieux des êtres et des autres, qui nous invitent à voir et à penser différemment. L’art n’est pas un divertissement statique, il est un vecteur fécond de savoir et de tolérance, et participe à « l’affinement de l’âme»*. Et l’artiste de se faire « serviteur d’idéaux supérieurs »* pour tous les êtres, tous les peuples, de tout temps. UN messager.

Ces nouvelles peintures sont imprégnées de légendes celtes.
De statues menhirs et de granit.
De tumulte et de douceur.
De signes géométriques. De régénération. De talisman. D’épure.
De nouveaux mondes sensoriels et spirituels.
Où le triomphe du végétal, du minéral, de l’animal sera.
Où l’Humain, cette chose infinitésimale dans l’infini du monde, chemine au milieu des mêmes énigmes.

Chaque tableau de cette nouvelle série est accompagné d’un poème.


* « Du spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier », Vassily Kandinsky, 1910